Le corps a ses raisons
Des maux d'enfant Aux mots absents, Aux mots d'alors, Des maux du corps. Il en fallut du temps, Il en faudra encore, Mais aujourd'hui j'entends, Et ne dis plus « j'ignore ». Tu vois des cicatrices, Un corps qui a souffert, Ils ne sont que l'esquisse, De mon âme aux enfers. Toutes mes vérités, Sont dans ce que je tais, Dans ces gestes évités, Ces rendez-vous manqués. Le corps a ses raisons, Que ma raison ignore, Ce que taisent les mots, Le corps le hurle plus fort, Il n'est pas une prison, Il est boite de Pandore. Des premiers tiraillements, A la première plaie, Des trop grandes privations, Aux tout premiers excès, Du rouge aux joues, Au vague à l'âme, Il aura fallu, Que je sois à genoux, Le cœur à demi nu, A contenir des larmes, Qui ne coulent presque plus, Pour entendre ces cris, Muselés en dedans, S'agiter, s'étouffer, Exhumer de ma vie, Un passé tourmenté, Un poids, Crois-moi, Devenu bien trop grand. Si le cœur ne se dit, Que le corps est nié, C'est alors de l'esprit, Que l'on va au chevet. C'est une convalescence, Où il me faut coucher, Sur de petits papiers, Des mots des maux, l'essence. Toujours trop occupée, La vie à mille à l'heure, S'éviter de penser, Aux blessures de ces heures, Et puis un jour tout net, Dans sa course, rompue, Se dire qu'en notre tête, Nos raisons ne sont plus. A force d'oublier, On s'oublie pour de bon, Il faut donc écouter, Ce qui résonne en chœur, Sous l'armure du silence, Les cris, les peines, les pleurs, Le corps a ses raisons, Il faut lui faire confiance. Mon fardeau pour cadeau, J'en découvre le contenu, Au début, abattue, Aujourd'hui, le cœur haut, Je redresse la tête, Recommence à marcher, S'il faut courir en tête, Que ce soit, pour ma liberté. Lydie Lempereur
Parfois on dit: ce texte, ce film, cette chanson, ça m’à "mis les poils au garde à vous" c'est le cas avec ce poème "le corps a ses raisons " c'est bien toi mais c'est aussi moi. Certaines souffrances sont universelles. C'est très beau et tu as l’art de trouver des mots pour évacuer les maux. Merci.
Isabelle de Marigny et d’ailleurs