
Bonjour à toutes et tous,
Je vous retrouve après plus d'un mois sans défi, mais pas sans rien faire !
J'ai été peu (pas?!) présente sur le blog car j'ai été bien prise par la sortie de mon roman, par le mois de l'écriture (oui, bon d,'accord, je n'ai tenu qu'une semaine car j'avais trop de choses à gérer), par des événements familiaux et par, encore et toujours, de nombreux rendez-vous médicaux.
Mais tout s'équilibre enfin, et me revoici !
Pour ce premier défi depuis des semaines, vous avez été inspirés. Voici les mots que vous m'avez confiés :
phénix - radiateur - gambas - allègrement - euphémisme - présentation - sensualité - insouciance - orteils - bonheur - mignonnerie - ressort
J'ai d'abord été portée par une ambiance cocooning, j'entendais vibrer le radiateur en fonte et mes orteils se réchauffaient dans des chaussons molletonnés. Mais quelque chose ne collait pas.
En effet, depuis quelques temps, comme beaucoup d'entre nous, je coupe le radiateur quand je suis seule en journée et ... j'ai froid ! Alors que j'allais céder à la plainte en début de semaine, je me suis ravisée ... Ma maison oscille entre 17 et 18.5 degrés et il ne me semblait pas approprié de m'en plaindre alors même que de nombreuses personnes, hommes, femmes, enfants, continuent de s'installer, un peu plus nombreux chaque année, dans la rue, faute de foyer ...
C'est vers eux que mon esprit a voyagé le temps de quelques mots couchés ...
Ce texte sera retravaillé pour un autre projet qui me tient à cœur et qui nécessite de s'y attarder plus de 24 heures afin de trouver des mots plus justes, bien que toujours insuffisants.
* * *
Comment tu t'appelles ?
L'enfant sautille,
Petite brindille,
Et s'arrête net ...
Tombent ses couettes.
Ce regard triste qui lui sourit,
Lui répond : "Oui, je suis en vie."
Les mille questions qui la bouleversent
Elle retient ; et pose un pièce.
Ce n'est pas par mignonnerie
Que l'enfant a si bon cœur,
L'insouciance est la lueur,
Qui gardent humains nos tout petits.
Du haut de sa carrure de gosse,
Elle comprend, et c'est atroce,
Que sous les couches de haillons,
Se trouve un homme, qui a un nom.
"Comment tu t'appelles?"
Et le phénix déploie ses ailes.
Cela fait bien des années,
Qu'on ne lui a plus demandé.
Je fais les présentations :
Lui, c'est Henri, ancien patron,
Un jour sa vie a basculé,
De s'être un peu trop endetté.
Il n'était pas au CAC40,
Pas d'parachute pour sa descente,
Juste une petite toile de tente,
Qu'il a monté, "juste dans l'attente".
Cela fait maintenant vingt ans,
Qu'il fait le guet, au pied des "Champs"
Et chaque année, pendant les fêtes,
Il n'a qu'un vœu, "que tout s'arrête !"
Que ses orteils, transis de froid,
Trouvent la force du premier pas,
Même celui vers l'autre monde,
Pourvu qu'il quitte cette vie de l'ombre.
Et pourtant, en cet instant,
Il espère un lendemain,
Il répond allègrement,
Et sur son cœur, pose sa main.
"- Je suis Henri, ma petite fée,
Merci de me le rappeler,
Je crois que je m'suis égaré,
De n'être plus considéré.
- Pourquoi tu es là ? Tu as froid?
"Oui", serait un euphémisme,
Alors il retourne le prisme.
-J'ai moins froid, depuis qu't"es là !
- C'est parce qu'avant de sortir,
Je mets mes gants sur l'radiateur,
Le froid peut toujours courir,
J'emporte avec moi la chaleur !
- Tu la diffuses, c'est certain !
Merci de me la partager,
Tu as le cœur sur la main,
La chaleur t'est innée.
- Comment tu te fais à manger ?
Ce soir, moi, je mange des gambas,
Avec du riz, et puis d'la glace !
Et toi, c'est quoi ton plat préféré ?
- Je me régale à t'écouter,
Pour le reste, ne t'en fais pas,
J'ai jamais été grand cuisinier,
Tant que je mange, tout me va.
- Est-ce que tu as des enfants ?
- Ils sont grand maintenant ...
Tu me rappelles ma petite fille,
Tu as les mêmes yeux qui pétillent.
- Et ta femme, elle est comment ?
- Je ne sais plus ... c'était avant ...
- Ah bon ? Mais elle est où maintenant ?
- Quelque part dans mon passé,
Entre rires et sensualité,
Bien cachée ... dans mes regrets ...
- Accroche-toi, moi je t'aime bien !
Tu veux bien être mon copain ?
- Je l'accepte avec bonheur,
J'espère être à la hauteur ...
- Qu'est-ce que je peux faire pour t'aider ?
-De quoi parles-tu, petite fée ?
- T'as plus d'maison, plus de famille,
Tu parles à une petite fille,
Tu as les yeux qui scintillent,
Et tes vêtements sont en guenilles ...
T'es tout sale, mais tu es beau,
Tu dis qu'ça va, mais c'est faux !
Moi je voudrais bien t'aider,
Mais faut me dire la vérité.
Tu vis à hauteur d'enfant,
Pour les grands, t'es transparent,
Moi je te vois comme tu es,
Et non pas, comme tu parais.
Je t'ai donné un peu d'argent,
Mais j'crois pas qu'c'est suffisant,
Faut activer quel ressort,
Pour que tu dormes plus dehors ?
- Tu as fait bien plus, ma fée,
Que d'me donner un foyer,
Tu m'as rendu mon humanité,
En venant, juste, me parler.
Je crois que j'avais oublié,
Jusqu'au nom que je portais,
A présent, je me souviens,
Je peux croire, à demain."
L'enfant quitte son ami,
Bien que lucide, elle lui sourit.
Demain, il n'sera plus là,
Il aura fait ... le premier pas.
Lydie Lempereur
Merci pour votre lecture.
A très vite
Je vous retrouve en commentaires si l'envie vous en dit.
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